vendredi 29 juin 2012

La relance: un poker de 120 milliards

Mr. Hollande et le gang des "sudistes" ont donc arraché 120 milliards de leurs donateurs au dernier sommet de l'UE. Pour les allemands, ce seront de véritables impôts, ou une véritable baisse des investissements. Aussitôt dans les mains de sudistes, ces milliards deviennent de la monnaie virtuelle, injectée dans une économie de casino, et donc une destruction de richesses. Comme souvent au poker, "relancer" sur une mauvaise donne alourdit encore les pertes.
Pour aider à comprendre, il faut revenir à l'opposition Keynes-Hayek. Keynes mettait l''humanité en formules mathématiques, certes élégantes, mais sans aucune relation avec la réalité, ni surtout avec la complexification des processus de production et leur étalement dans le temps. Pour Keynes, le temps est ramassé dans un seul instant ou, pour rappeler son propre mépris pour cette considération, et donc pour les conséquences dans le futur d'une politique qui suivrait ses recommandations, "dans le long-terme, nous serons tous morts".

Pour les sudistes, qui viennent de convaincre les Allemands d'injecter 120 milliards dans une économie moribonde, si ce n'est déjà morte, Keynes est leur prophète, et ceci même si les formules les plus connues du dandy de Cambridge (Y=C+S, le revenu est nécessairement égal à la somme de la consommation et de l'épargne et S=I, l'épargne est égale à l'investissement) ont démontré qu'une simplification à l'extrême n'explique plus rien. La seule certitude, c'est qu'après ces injections, contrôlées bien entendu par des bureaucraties, l'économie ne sera pas en meilleure santé, et que l'Europe aura gaspillé 120 milliards de plus, en pure perte.

Hayek quant à lui s'est intéressé non à la mathématisation de l'humanité, mais aux structures de l'économie réelle. Contrairement à Keynes, il a constaté l'évidence: le développement économique a eu pour résultat d'allonger les processus de production, chaque stade prenant la décision d'investir en fonction de la demande attendue du secteur qui le suit dans la structure de production (les erreurs d'appréciation conduisant aux crises). Le graphique suivant est tiré de "Prix et Production". Par exemple, la crise immobilière en Espagne et ailleurs, a laissé l'ensemble des sous-secteurs des stades intermédiaires (cimenterie, aciérie, etc...) en sur-production et donc en crise profonde.



Mais à quel stade faut-il injecter les 120 milliards arrachés à l'Europe? Ne seront-ils pas la cause d'une crise plus grave encore? Les allemands ont su conserver une structure de production cohérente, même si une grande partie de leur production finale est exportée. Les français ont démoli leur propre structure, les entreprises étant contraintes de délocaliser pour produire à bas coûts des biens eux aussi de moins bonne qualité. Injecter dix, cent fois la somme de 120 milliards ne reconstruira jamais une structure de production cohérente en France. Les berlines allemandes continuent à être produites en Allemagne, avec profit. Les constructeurs automobiles français, au contraire, vont de restructuration en délocalisation, sans parvenir à égaler la production germanique.

La crise de la production s'est évidemment traduite en crise bancaire, les secteurs économiques affectés étant devenus incapables de rembourser des dettes contractées lors d'une expansion artificiellement provoquée par des taux d'intérêts trop bas. Pour "relancer" véritablement l'économie, il est donc essentiel de purger le secteur bancaire, et non de maintenir en vie des institutions aux actifs douteux. La taille des banques doit être ramenée au niveau de leur actifs sains, seuls ceux-ci méritant d'être refinancés par la banque centrale. Il n'est pas sûr que les 1.000 milliards injectés par la BCE, ou les 125 milliards "relancés" sur le tapis vert contribuent en quoi que ce soit à la reprise économique, bien au contraire.

La Guerre de Sécession aux Etats-Unis (que les américains appellent plus simplement "la guerre civile") a eu aussi pour raison une structure de production incohérente dans le Sud, largement basée sur l'esclavage et sur une production agricole, tout en important la plupart des produits finis. Le Nord, au contraire, avait déjà une structure de production diversifiée et cohérente. Le choc a été brutal, le Sud refusant d'abandonner ses vieilles habitudes, le Nord refusant de voir ces méthodes archaïques appliquées dans les nouveaux territoires.

En Europe, la plus notable des incohérences dans la structure industrielle "sudiste" est bien évidemment la part des ressources détournées au profit de l'Etat. Aujourd'hui, 56% du PIB est confisqué par l'administration, et ce à tous les stades de la production. En fin du processus, seuls donc 44% des fonds investis doivent produire 100% des biens et services. Ceci entraîne une contraction du système productif, justifie les délocalisations (évitant la cascade des prélèvements intermédiaires), un chômage de plus en plus important, et donc une nouvelle ronde de prélèvements sur les stades productifs restants.
 Le tableau ci-après montre combien les prélèvements de l'administration détruisent l'appareil productif, qui ne peut que se contracter, et, à la limite, disparaître.



Les graphiques illustrent deux types d'économies. Dans l'un, les ressources investies sont effectivement transformées en produits intermédiaires, jusqu'au stade final de la consommation. Dans l'autre, à partir du stade 2, l'Etat accapare 50% de la valeur supplémentaire créée.

Dans ce tableau, le graphique de droite illustre donc une prédation totale de "seulement" 40%. Rappelons qu'elle est en France (et en Belgique d'ailleurs) de 56%. Injecter de nouvelles ressources dans une telle structure de production est inévitablement vouée à l'échec. Gageons donc qu'une nouvelle "relance" sera demandée, suivie d'une autre, jusqu'à l'épuisement de l'Allemagne ou sa sortie d'une Union monétaire, que ses partenaires ont trop longtemps considérée comme un chèque en blanc. une Guerre de Sécession européenne n'est ni souhaitable, ni probable. Mais une Sécession peut aussi se réaliser sans guerre.

1 commentaire:

  1. La Grèce a démontré depuis 30 ans qu'il était quasi impossible "d'injecter" des subsides dans l'économie. Il n'y quasiment pas de tissu industriel ou plus largement de tissu économique à même d'en tirer profit. L'économie grecque est principalement le fait d'entrepreneurs indépendants ou d'entreprises de très petite taille, largement orientées vers le tourisme. Ces types d'entreprises s'auto-financent et n'ont pas la taille pour monter des dossiers et des projets pour profiter de la manne céleste européenne.

    En dehors des parasites du système, seul le BTP en profitera, mais dans ce cas-là, à part Titan-Cement, peu d'entreprises locales en profiteront réellement. L'engineering viendra sans doute d'Allemagne ou de France (cf le nouvel aéroport d’Athènes, les nouvelles autoroutes et autres ouvrages d’art).

    Le meilleur service que l'on pourrait rendre à la Grèce serait d'y déployer une force européenne de lutte contre la corruption et la fraude. Au surplus, cette force en profiterait pour mettre sur pied une comptabilité nationale digne d'un pays de l'OCDE et plus encore un service statistique. Les stat grecques sont souvent absentes des publications d'Eurostat, faute de données fiables ou de données tout court. Cela en dit long sur l'état de l'Etat grec et sur l'indifférence de l'UE sur cette non-gestion à la grecque.

    Une autre tare de la Grèce est l'absence de cadastre du territoire. Comment imaginer recevoir en masse des investissements étrangers productifs si les investisseurs ne savent pas où ils mettent les pieds. Seuls les investisseurs les mieux armés s'y risqueront.

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