Mr Bruno Colmant vient
de poster sur son blog son avis sur la crise chypriote:
http://blogs.lecho.be/colmant/2013/03/chypre-ordre-social-ou-mon%C3%A9taire-.html
C'est un
catalogue - qu'écris-je? - un dictionnaire, une encyclopédie, de mots creux,
preuves d'une méconnaissance complète du monde bancaire.
"comprendre
les réalités sociales", "ordre social" "ordre
monétaire", "adhésion constructive", "apaisement social ET
monétaire", "démocratie", "l'euro, forgé pour sceller la
paix entre les nations".
C'est ignorer
superbement une des raisons d'être des banques centrales (qui peut parfois être
assumée par une agence de supervision indépendante): maintenir la solidité du
système bancaire.
La solution au
problème Chypriote, comme d'ailleurs au problème belge, était - et elle est encore
aujourd'hui - très simple. Elle est (généralement, à l'exception peut-être de
la Corée du Nord ou de Cuba) inscrite dans les statuts de l'autorité de
supervision: il faut fermer les banques défaillantes, en leur retirant
- éventuellement sur le champ - leurs licences). Ce qui ne veut pas dire annuler les
créances sur ces banques, comme nos ministres des finances successifs ont
essayé de nous le faire gober (Reynders: "pour sauver l'épargne, il
faillait sauver les banques" - en anglais: "bullshit"!)
Une banque peut
être fermée en un instant (les statuts de l'organe de supervision, inscrits
dans la loi, le permettent), et les comptes ré-ouverts immédiatement, mais dans
un autre établissement. Les actifs seront ensuite vendus, mais sur une période
qui permet une liquidation dans l'ordre.
J'ai été
conseiller de plusieurs banques centrales, et les gouverneurs que j'y ai
conseillé ont eu le courage d'appliquer la loi. C'est ainsi que des banques
(chaque fois des banques d'Etat!) ont été fermées sur le champ (une banque en
Slovaquie et deux banques - les plus importantes du pays! - en Serbie). Aucun
déposant n' a perdu un centime. Mais, au moins, les banques n'ont pas continué
à pourrir le système financier.
Si la Belgique
avait eu le courage d'appliquer la loi en 2008, le coût pour le contribuable
aurait été de moins de 10% du PIB. Aujourd'hui, nous en sommes à près de 30%.
Mais il fallait
dissimuler au peuple les connivences (pour ne pas dire les complicités) entre
appareil d'Etat et banques (Mr di Rupo ne mettait-il pas ses compétences de
chimiste au service de Dexia, en tant qu'administrateur, au moment de son
"expansion", y compris en Grèce, y compris lors de ses investissements dans les "subprimes"?).
La complicité fut
bien pire encore: les communes, principales actionnaires de Dexia, gonflaient
encore leurs prévisions de recettes en 2010 par des "dividendes"
équivalant à 12% du capital "investi", alors que le taux d'intérêt
consenti aux épargnants était déjà inférieur à l'inflation, et taxé de
surcroît, et que ce n'était plus un mystère pour personne que les pertes de Dexia étaient supérieures à son capital! Mais ne fallait-il pas, coûte que coûte (aux contribuables!) maintenir la pompe à phynances ("Ubu-Roi") des gabegies communales?
J'n suis arrivé à
la conclusion qu'il existe deux sortes de politiciens: les courageux (qui ne
seront pas réélus) et les lâches (qui ne se soucient que de leur réélection). A
l'étranger, j'ai travaillé avec la première catégorie. En Belgique, existe-t-il
autre chose que la seconde?
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