lundi 9 juillet 2012

Le dernier sommet européen: la route vers la pire des Unions

Guy Verhofstadt, ex-premier, et Dany Cohn-Bendit, ex-soixante-huitard, ont signé un papier commun proclamant que l'Union fédérale européenne est la seule réponse à la crise.

Verhofstadt a fait un remarquable voyage intellectuel, à l'inverse de beaucoup: qualifié de "Baby Thatcher" dans sa jeunesse, il est devenu marxiste dans son troisième âge.

Quand à Cohn-Bendit, ses ambitions de Che Guevara de salon de thé font aujourd'hui oublier la violence qu'il attisait en mai 1968.

Refusant superbement d'admettre que le genre d'Europe qu'ils nous ont imposée avec leurs compères du "parlement-navette" est la cause de tous nos maux, ces deux vénérables marxistes nous proposent non pas une autre Europe, mais veulent nous forcer à avaler plus encore de leur brouet bureaucratique.

Les remèdes de ces "docteurs" sortis d'une farce de Molière ne guériront certainement pas le patient. Que du contraire, leurs potions nous achèveront. Leurs ordonnances ressemblent plus à de l'euthanasie qu'à une guérison miraculeuse: voici leur prescription:

En premier lieu, le "Pacte de croissance", prévoyant un investissement équivalent à 1% du PIB européen, soit 120 milliards d'euros, est une destruction de richesses pure et simple. De quel droit la bureaucratie déciderait-elle des secteurs à soutenir? Les administrations n'ont-elles pas systématiquement démontré leur incapacité à choisir autre chose que des perdants, ou des inféodés, ou des sources de corruption?

Leur deuxième potion, l' "Union bancaire" n'est en fait que la "mise en place d'une supervision des banques de la zone euro par la Banque centrale européenne (BCE)". Elle est à la mesure des appétits des bureaucrates: pourquoi faudrait-il imposer la même supervision à une banque purement locale, sans prétentions continentales, et à une banque établie dans des dizaines de pays? La mise en place de cette nouvelle institution devrait se faire selon "un calendrier ambitieux". Cette ambition est d'autant plus risible lorsqu'on la mesure à ce qui a été fait (c'est-à-dire rien) depuis les premières recommandations dans le même sens faites par Alexandre Lamfalussy, qui datent de plus de ... sept ans, et qui ont fait l'objet d'une décision du Parlement Européen le ... 9 mars 2005!

La troisième mesure propose la recapitalisation des banques espagnoles par un prêt du "fonds de soutien" européen. Outre que le traitement de faveur accordé à l'Espagne est difficilement justifiable, une recapitalisation n'a aucun sens. Les banques espagnoles doivent au contraire nettoyer leurs portefeuilles, et purger ceux-ci de leurs actifs non-performants. S'emparer des ressources d'autres européens pour encourager les banques espagnoles à conserver quelque temps encore des créances qui ne seront jamais remboursées, aux frais des autres européens est injustifiable. Seules les banques assainies doivent être recapitalisées.

La quatrième mesure abandonne le principe de "séniorité" des créances du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui reprendra et complètera les engagements pris par le Fonds de stabilité (FESF), espérant ainsi "un retour des investissements directs dans les Etats espagnol et italien". Le sauvetage public, utilisant des fonds prélevés par la contrainte auprès des contribuables des pays du nord, n'aura donc plus aucune priorité, par rapport aux "fonds-vautours" qui spéculent sur les dettes pourries.

La cinquième mesure prévoit l'installation à Paris du siège d'un futur office des brevets. Il existe déjà un "Office Européen des Brevets", créé il y a 40 ans pour réduire l'écart entre le coût d'un brevet aux Etats-Unis et celui d'un brevet européen. Il y a 40 ans, le brevet européen coûtait 3 fois plus que le brevet américain. Aujourd'hui, l'écart n'est plus de 1 à 3, mais de 1 à ...7! Il devrait s'agir en fait d'un "tribunal d'instance". Mais si les bureaucraties européennes veulent réellement libérer le potentiel des entreprises, ce sont les offices nationaux, et les frais de traduction exorbitants de traduction (bientôt s'étendant au gaélique, au basque, au breton et au provençal) qu'il faut immédiatement abolir.

Enfin, la "taxe sur les transactions financières", cheval de bataille des bureaucraties aux abois, est la plus vicieuse entrave au développement des entreprises qui ait jamais été inventée, au point que son promoteur, James Tobin, ait insisté sur le caractère irréaliste et inefficace de sa propre invention. Si la spéculation cessera bien (éliminant la source principale de la taxation), ce sont les transactions dans l'économie réelle qui auront seules à supporter cette taxe. Il n'est pas difficile d'imaginer que le produit de cette taxe n'aura d'autre destination que l'alimentation de bureaucraties de plus en plus voraces. Ce ne sera jamais, en tout cas, destiné au développement des pays les moins industrialisés, ainsi que James Tobin l'avait réalisé.

http://www.huffingtonpost.fr/daniel-cohnbendit/lunion-federale-europeenne-est-la-seule-reponse-a-la-crise_b_1653866.html?utm_hp_ref=france

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