vendredi 10 janvier 2014

Migrations et libéralisme



La question des migrations divise le monde libéral. Comment en effet réconcilier la liberté de mouvement des uns avec la liberté des autres de refuser de payer les conséquences d'une migration de masse qu'ils n'ont ni souhaitée ni sollicitée? Lorsque les mouvements de population atteignent un certain niveau, ce serait une coupable naïveté que de croire que les fondements mêmes de la culture et de l'identité des pays de pénétration ne seraient pas dilués, puis détruits. Or ce sont ces fondements qui ont permis à ces pays de pénétration d'atteindre le niveau de vie qui attirent aujourd'hui les migrants. La question est donc de savoir si cette destruction est préférable à la mise en place de ces mêmes fondements dans les États faillis, qui sont la source de ces migrations. En d'autres mots, faut-il égaliser les conditions de vie vers le haut, ou vers le bas?

Introduire au Maghreb ou dans la corne de l'Afrique la démocratie Jeffersonienne et les rudiments d'un État de droit permettrait d'attirer les capitaux, et donc de créer des emplois. Emplois que ne seraient plus contraints de venir chercher ceux qui abandonnent des États faillis, qui n'ont pas pu, ou pas voulu, adopter les règles qui auraient transformé ces sociétés tribales, claniques, théocratiques ou mafieuses en Etats viables.


Le texte d'un article publié en 2009, sur le site du défunt "Institut Hayek", est repris ci-après. Cet article semble avoir conservé toute son actualité.
Il n'est pas inutile de mentionner que l'auteur a été un migrant toute sa vie professionnelle, et qu'il est de plus issu de trois générations de migrants, et lui-même père et grand-père de migrants...!

Migrations économiques et économie des migrations

(Article publié sur le site de l'Institut Hayek, le 7 septembre 2009)

Le phénomène des migrations, d'une ampleur grandissante et, semble-t-il, irréversible, amène des remises en question non seulement culturelles et institutionnelles, mais, de plus en plus, économiques, sécuritaires et même identitaires. Le débat, monopolisé par les positions les plus extrêmes, à droite comme à gauche, gagnerait à être clarifié et soumis à une analyse objective des conséquences économiques et sociales des migrations sous leur forme actuelle.

Chacun sait, ou perçoit, que la prospérité économique est conditionnée par la construction d'un ensemble de règles par la société elle-même, qui soient à la fois connues de tous, et acceptées par chacun. Comme l'a démontré Hayek dans "La Route de la servitude" [1] ce sont le dirigisme, le socialisme, le nazisme, le totalitarisme qui sont incompatibles avec l'état de droit, alors que le libéralisme, au contraire, ne peut fonctionner sans règles [2].

Il semblerait donc que les principes du libéralisme tel que défendus par Hayek, ne puissent s'accommoder d'une immigration sans règles. Dans un article écrit par le Président de l'Institut Hayek, [3] celui-ci avait défendu le principe d'une immigration libre . Ayant été un "migrant" toute ma vie, ayant travaillé et vécu dans une dizaine de pays sur quatre continents, je pense avoir un point de vue aussi varié que particulier sur ce sujet, que j'ai quelque peine à réconcilier avec une totale liberté de migration. J'ai donc tenté de reprendre quelques réflexions sur le problème, en évoquant à la fois des situations concrètes et les positions d'auteurs libéraux sur le sujet.

Un passage de l'article de Mr Benard, déjà cité, préconise l'entrée libre pour tous (avec un visa de touriste), suivie d'une "formalité simple impliquant un seul passage au guichet d'une mairie [qui] suffirait pour obtenir un titre de séjour légal permettant à la personne de s'employer". Ceci semble inverser l'ordre des choses: c'est l'existence d'un emploi qui devrait précéder (et justifier) le titre de séjour, et non l'inverse. Comment, en effet, un immigrant pourrait-il être certain qu'un emploi existe? Si, d'autre part, l'immigrant cherche l'emploi, pourquoi au contraire l'emploi n'irait-il pas chercher le candidat migrant dans son pays d'origine? C'est donc l'emploi qui doit permettre l'inscription, et non l'inscription qui doit permettre l'emploi.

De plus, comment savoir a priori si les qualifications de l'immigrant correspondent aux besoins du marché dans le pays de pénétration, lorsque l'entrée est libre, et la recherche d'un emploi se fait a posteriori? Il peut y avoir pénurie de plongeurs dans la restauration, et un surplus d'employés de banque, et pourtant, aucun immigrant n'a les qualifications requises pour être plongeur, alors que chacun veut devenir guichetier dans un secteur qui a remplacé ses caissiers par des distributeurs automatiques.

Il faut enfin préalablement distinguer les pressions migratoires selon les régions d'origine des migrants. Des craintes avaient été exprimées lors de l'ouverture de l'Europe à 10 nouveaux membres en mai 2004, et en particulier en ce qui concernait les pays d'Europe centrale. Ces craintes se sont avérées très largement exagérées: ce sont les capitaux qui ont fait le chemin en sens inverse, à la recherche de talents moins chers et de marchés avec de plus grands potentiels de croissance.

Pour ce qui concerne l'Europe située plus encore à l'Est, les pressions migratoires devraient être modestes, puisque ces populations sont elles-mêmes en déclin, comme la Russie. L'Asie quant à elle a développé des structures institutionnelles qui permettent et favorisent l'investissement, et seront donc à même d'accroître l'emploi et les revenus, conservant ainsi suffisamment d'attraits pour leurs citoyens. L'Amérique latine est un problème pour les états d'Amérique du nord, mais représente peu de difficultés pour l'Europe, si ce n'est peut-être pour l'Espagne. Les pressions migratoires auxquelles devra faire face l'Europe devraient donc être principalement celles qui trouvent leur origine en Afrique. C'est donc essentiellement celles que j'aborderai ici.

1. Distinguer les formes de migrations

Les débats sur l'immigration, ses causes et ses conséquences utilisent fréquemment des arguments primaires, émotionnels et simplistes, qui ne peuvent que déboucher sur des positions extrémistes, à la fois de l'extrême droite, qui prétend exclure tout étranger, et des organisations charitables qui ne souhaitent pas voir se tarir leur fonds de commerce. Aucun extrémiste n'envisagera de nuancer ses positions par une analyse des formes de migration, afin de tenter de dissocier les apports positifs des conséquences négatives de certains mouvements de population. Si cette analyse était acceptée, il est vraisemblable que l'on pourrait distinguer au moins quatre types de migration, aux effets très différents, à la fois sur le pays d'origine et sur le pays de destination:




Si, dans les exemples ci-dessus, le seul cas positif est un cas d'émigration au départ de l'Europe vers les Etats-Unis, ce choix n'est pas entièrement accidentel. Les Etats-Unis, qui se sont construits sur l'immigration, ont également été à même de prendre des mesures que les bureaucraties européennes sont encore incapables de copier: la fédéralisation des règles, des institutions et des contrôles de l'immigration, et la primauté des besoins du pays d'accueil sur les exigences du migrant. L'Europe, quant à elle, a d'abord cherché à préserver ses bureaucraties, au prix d'une totale inefficacité et d'un coût grotesque.


2. Identifier les rapports de force

Il n'est pas inutile de resituer le débat dans la réalité démographique, et de comparer, par exemple, les chiffres de la population africaine à ceux de la population européenne, et ce sur une longue période. Le tableau ci-dessous reprend les chiffres pour l'ensemble des états africains et ceux de l'Europe des 15, et ce à trois moments, à savoir avant le début des processus d'indépendance, au tournant du millénaire, et en 2050. Les totaux sont calculés sur base des estimations par pays publiées par le bureau américain du recensement ("Census Bureau").


 Pour chaque européen, il y avait donc 0,7 africain en 1950, 2,2 africains en 2000, et il y aura 5 africains en 2050. Une pression migratoire de 200 millions d'habitants est très différente de ce que pourrait être la pression exercée par 2 milliards de personnes dont le revenu individuel n'aura, pour certains pays, pas progressé depuis les indépendances.

Personne ne peut raisonnablement penser que l'Europe puisse satisfaire aux besoins d'une population de 2 milliards de personnes, en plus de ceux qui vivent déjà sur son territoire. Ce sera donc sur le continent africain lui-même qu'il faudra créer les conditions permettant à ces populations d'améliorer leurs vies.


3. Les pressions internes

Pour la plupart des pays africains, les infrastructures, les échanges commerciaux régionaux, les investissements, les méthodes de production, n'ont pas changé depuis 50 ans. J'illustrerai mon propos par deux exemples que je connais pour y avoir vécu et travaillé, et qui font l'actualité depuis des années, le Rwanda et le Burundi. Dans chacun de ces deux pays, d'une superficie équivalente à celle de la Belgique, vivaient en 1950 2 millions d'habitants. Il y vit aujourd'hui 8 millions de personnes, et la population de chacun de ces deux pays devrait atteindre 16 millions en 2050. Une même superficie devra donc nourrir, par des méthodes agricoles restées moyenâgeuses, une population qui aura été multipliée par 8 [4].

Il n'est pas impossible que ces pressions sur des ressources de plus en plus rares soient l'une des causes des conflits que connaissent ces deux pays depuis trente ans. Les conflits eux-mêmes ne font qu'aggraver une situation déjà catastrophique. J'ai également vécu dans le Kivu, où je dirigeais un réseau bancaire, et tous ceux qui connaissent cette région peuvent certifier qu'elle pourrait, si son potentiel agricole était mis en valeur, nourrir toute l'Afrique, alors qu'elle ne survit aujourd'hui que par l'aide alimentaire que lui apporte l'extérieur, car elle a été incapable de mettre en valeur les ressources dont elle a été dotée par la nature. Conflits tribaux, structures économiques et sociales archaïques, violences primaires, corruption, incompétence, ont plongé des populations potentiellement aussi riches que celle de la Suisse dans la déchéance et une misère extrême.

Il n'y a pas d'ailleurs qu'en Afrique que la qualité de la gouvernance affecte directement le niveau de vie. Dans l'article de Mr Benard, un exemple cité concerne les migrations mexicaines vers la Californie et le Texas [5]. Mais il faut admettre que si les mexicains tentent de pénétrer aux Etats-Unis (et si les américains multiplient les barrières) c'est bien parce que leur pays d'origine est mal géré.

Autorisons-nous un brin d'histoire-fiction. Des régions entières des Etats-Unis firent autrefois partie du Mexique, qui gouvernait ce qui est aujourd'hui le Texas, le Nouveau Mexique, l'Arizona, le Colorado et la Californie. Imaginons un instant que ces territoires soient encore aujourd'hui gouvernés par le Mexique: ne verrions-nous pas dans ce cas leurs habitants tenter de fuir plus au nord encore, au lieu de provoquer l'envie de leurs voisins?

La solution n'est donc pas de permettre que le Mexique reste une source éternelle de desperados et de criminalité organisée, mais d'appliquer au Mexique les recettes économiques, politiques et sociales qui ont fait des Etats-Unis ce qu'ils sont. En fait, les Etats-Unis devraient exporter leurs institutions créatrices de richesses, au lieu d'importer les victimes d'états faillis. Les Etats-Unis devraient donc intégrer le Mexique, et les Mexicains cesser de tenter d'intégrer les Etats-Unis.


4. Liberté de circulation des personnes ou des capitaux?

Mr Benard suggère correctement que la richesse est produite par l'''alchimie féconde entre humains et capital disponible". Il est plus malaisé de souscrire à l'affirmation que "l'émigrant est meilleur juge de la qualité respective des opportunités économiques offertes par leur pays d'origine et de destination". Comment en effet serait-il possible pour un Kazakh ou un Malien de juger des mérites respectifs d'un emploi dans son pays d'origine et d'un emploi (qu'il n'a pas ou n'aura peut-être jamais) dans un pays où il est littéralement débarqué au gré des trafiquants? Son seul calcul économique est un choix, vite fait, entre un salaire pour un travail de forçat dans son pays (disons 1$ par jour) et des allocations sociales dans le pays qu'il a choisi (mais qui ne l'a pas choisi), qui peuvent être 20 ou 30 fois plus élevées. Le migrant ne choisit pas, il parie. Le "meilleur juge", reste l'employeur, s'il en existe un.

La question est de savoir s'il est plus opportun de faire venir la main d'oeuvre vers les moyens de production, ou plutôt l'inverse. Ce problème ne peut être résolu qu'en comparant deux situations. Dans la première, de nouveaux travailleurs viennent s'établir dans un pays à faible productivité du capital, dans une économie à haut coût de main d'oeuvre, qui ne se justifie que par une formation très poussée des travailleurs. Dans la seconde, de nouveaux capitaux cherchent une rentabilité plus élevée dans une économie à faible coût de main d'oeuvre, où un modeste investissement produit un rendement élevé et immédiat, et où les marges possibles permettent d'améliorer rapidement les conditions de travail, de santé, de logement, d'alimentation, de formation et d'éducation, en bref la qualité de vie.

Dans la première situation, le total de la richesse produite est très faiblement augmentée, ou même est réduite (à cause des charges de l'immigration) et elle doit être partagée, réduisant ainsi le niveau de vie des travailleurs existants, alors que le niveau de vie des nouveaux travailleurs correspond plutôt à leur niveau de qualification qu'à leurs espérances. Dans la seconde situation, la productivité du travail augmente rapidement, en particulier si le pays d'accueil des capitaux accepte d'adopter les structures et pratiques institutionnelles permettant d'améliorer la stabilité et la sécurité des investissements.

Il n'est pas inutile de rappeler la définition que donnait Hayek du "capital": c'est "l'agrégat des ressources non-permanentes qui peuvent être utilisées exclusivement de manière indirecte afin de contribuer au maintien permanent du revenu à un niveau particulier." [6]

Il suffit de mesurer l'effet de la migration d'un million d'africains en France, sachant que ce déplacement ne modifiera pas le volume du capital investi et que par conséquent la productivité - et donc le niveau de vie général - diminuerait faute de capital frais. Face à cette situation, il faut comparer la possibilité d'accroissement général de revenu - et donc de niveau de vie - qu'offrirait un investissement dans un pays dont la productivité est extrêmement faible par manque des moyens de production les plus élémentaires. Le Congo (RDC) a une population sensiblement équivalente à celle de la France aujourd'hui (60 millions). Dans 40 ans, la population de la France ne devrait pas avoir augmenté (la population active aura même sensiblement baissé); celle du Congo aura triplé (et la quasi-totalité devrait avoir moins de 40 ans). Le revenu par habitant en France est de 40.000 $, celui de la RDC de 140$. Il est évident qu'un programme d'investissements qui augmenterait le revenu français de 140 $ passerait inaperçu, tandis qu'une modeste augmentation de la productivité congolaise qui augmenterait le revenu du même montant aurait des effets notables [7]. Il est donc important de réaliser les investissements là où se trouvent la main d'oeuvre et les gains potentiels de productivité, et non là où la main d'oeuvre est en déclin et les gains de productivité rares. Faute de cela, et à cause des forces colossales en jeu dans les prochaines années, une poussée brutale des plaques continentales - ou un réchauffement de la planète de 20 degrés - ne seraient que chiquenaudes...

J'illustrerai mon propos par trois exemples pris parmi tous ceux que j'ai rencontrés au cours de ma carrière. Les deux premiers concernent le Congo (RDC), le troisième le Mali.

Le premier exemple concerne le potentiel hydro-électrique considérable du fleuve Congo. A proximité de l'embouchure du fleuve, le site d'Inga réunit toutes les conditions pour exploiter ce potentiel sans déplacement de population, sans risques géologiques ou écologiques. En 1968, l'EDF, chargée de la mise en valeur d'une partie du site, avait évalué la puissance qu'aurait pu fournir un barrage complet à 36 millions de KwH, ce qui était à l'époque supérieur à la production totale d'électricité en France. Le coût du projet, qui n'a jamais été réalisé, serait aujourd'hui une fraction du prix d'une seule centrale nucléaire en France.

Le deuxième exemple concerne ce même fleuve, navigable sur une distance de 1700 kilomètres, entre Kinshasa et Kisangani. Au moment de l'indépendance, des bateaux assuraient un transport fréquent et régulier des marchandises et des personnes. Le commerce alimentait une vie économique intense le long du fleuve. Aujourd'hui, il ne subsiste qu'un seul bateau qui soit opérationnel, des régions entières sont retournées à une économie de subsistance, et le seul moyen de transport, sur de courtes distances, est assuré par des pirogues (des troncs d'arbres évidés). La construction d'un seul navire doublerait le trafic, et ne coûterait vraisemblablement qu'une infime fraction du prix d'un ferry entre Marseille et la Corse. Le contraste est encore plus choquant lorsque l'on sait qu'un ferry corse, à chaque voyage, engloutit des subsides colossaux et détruit donc des richesses en n'améliorant que marginalement la vie des insulaires et de quelques continentaux. Par contre, sur le Congo, un seul navire de plus, bien moins coûteux, accroîtrait les échanges et contribuerait à améliorer la qualité de vie de millions de personnes.

Le troisième exemple concerne le fleuve Niger, pour lequel la puissance coloniale française avait lancé en 1932 un programme ambitieux d'irrigation. La surface irriguée devait atteindre près d'un million d'hectares, et le programme d'investissement s'étaler sur 50 ans. Entre-temps, les indépendances sont survenues, et la surface irriguée aujourd'hui n'atteint pas 6% du plan initial.

Le processus de paupérisation, à l'origine des poussées migratoires, a donc commencé il y bien longtemps, et il serait vain de tenter d'endiguer les migrations si l'on ne s'attaque pas à ses causes, c'est-à-dire aux obstacles aux investissements. Le même capital serait en effet infiniment plus rentable s'il était utilisé en Afrique (pourvu que la gouvernance soit identique) que s'il était investi dans la "vieille" Europe. Les principaux obstacles sont évidemment les carences de l'état de droit, l'instabilité, l'insécurité: en bref, les problèmes de gouvernance.


5. Admettre et intégrer le coût total des migrants

Dans la section de l'article de Mr Benard intitulée "La valeur économique de l'immigration", ne semble être présentée que l'aspect positif des migrations. Il y est affirmé que "les mouvements migratoires sont, du point de vue de la théorie économique, extrêmement féconds pour l'ensemble de l'humanité". En fait, les gains des uns doivent être mesurés à la lumière des pertes des autres. Toute discussion devrait prendre en considération tous les facteurs affectant le résultat, qu'ils soient positifs ou négatifs, en distinguant les effets sur les pays d'origine de ceux affectant les pays de "pénétration".

1. sur les pays d'origine

a) il est usuel d'affirmer que ce sont les "êtres humains les plus dynamiques" qui quittent les pays à déficit de capital: par là même, ceci implique donc que ce sont les moins dynamiques qui restent, perpétuant un cycle de dépendance et de misère [8]; De plus, si, "les émigrés en provenance de pays mal dirigés exportent vers leur pays d'origine des idées salvatrices sur la liberté, la démocratie", pourquoi serait-il nécessaire d'importer d'abord des hommes pour ensuite réexporter des idées? Ne serait-il pas plus efficace d'exporter directement les idées sans passer par ce subterfuge compliqué?

b) lorsque la pauvreté est due à des politiques économiques désastreuses, ou à la suppression des libertés par un régime corrompu et incompétent, l'exode des plus doués, des plus déterminés et des plus contestataires empêche précisément le débat, retarde le retour des libertés, et prive les pays plus démocratiques de s'appuyer sur une opposition pour faire progresser les libertés et améliorer les conditions de vie;

c) il est courant de souligner que les transferts de fonds des immigrés vers leur pays d'origine est un point positif. Il faudrait tempérer cette affirmation par le fait que ces transferts financent fréquemment la consommation (soutien aux familles) plutôt que l'investissement: ils maintiennent donc une dépendance et contribuent rarement à élever le niveau de vie de manière permanente (outre le fait que ces ressources cessent d'être disponibles dans le pays de pénétration...)

d) s'il est aisé de mesurer les bénéfices qu'apportent les qualifications d'un individu dans les pays de pénétration, il est beaucoup plus difficile de mesurer l'ensemble des coûts supportés par le pays d'origine pour l'éducation et la formation de l'émigrant. La migration massive de main d'œuvre qualifiée de l'Irlande vers les Etats-Unis (jusque dans les années 1970) a mis ainsi à charge des contribuables dans le premier pays les frais d'une formation dont profitait le pays de destination. A une époque, la quasi-totalité des ingénieurs sortis des universités irlandaises émigraient vers les Etats-Unis. L'appauvrissement du pays d'origine entre ainsi dans une spirale, où il faut payer de plus en plus cher un produit (l'enseignement) dont le pays retire de moins en moins de bénéfices;

e) les budgets que pouvaient consacrer les pays de pénétration aux programmes de développement et aux réformes politiques et économiques dans les pays d'origine sont généralement réduits au profit de budgets d'assistance aux migrants; ces réductions retardent ou rendent impossibles des réformes pourtant essentielles, et contribuent donc à une nouvelle dégradation des conditions dans les pays d'origine, et à un nouvel afflux de migrants économiques et de réfugiés politiques. Des budgets qui auraient pu être affectés à des investissements (agriculture, gouvernance, transports, etc.) et permettre une élévation permanente du niveau de vie sont ainsi détournés vers la consommation;

f) si l'avantage comparatif des pays de provenance est leur faible coût de main d'œuvre, en ce compris des niveaux modérés de taxation et de sécurité sociale, la venue d'un travailleur de ces pays dans un marché à haut coût de main d'œuvre supprime cet avantage; bien plus, lorsque ce travailleur ne peut trouver d'emploi dans le pays de pénétration, il sera à charge des systèmes d'assistance, que ce soit directement (allocations de subsistance) ou indirectement (logement, emploi public, éducation, soins, formation, etc.) Ceci accroît le coût de ces systèmes et les contributions obligatoires mises à charge des autres travailleurs, aggravant ainsi le manque de compétitivité des entreprises; un travailleur peut donc très bien être productif dans son pays d'origine et devenir une charge dans le pays de pénétration.


2. pour les pays de pénétration

La position qui consisterait à prôner une immigration illimitée et incontrôlée, au nom d'une redistribution des richesses accumulées dans les pays cibles est à mon sens indéfendable à moins de supprimer tout débat sur les conséquences économiques de l'immigration dans les pays de pénétration. Il est essentiel de distinguer l'immigration qui crée de la richesse de celle qui ne fait que redistribuer la richesse existante. Une arrivée massive d'immigrants, que l'état de destination prendrait à sa charge, sous la forme d'allocations sociales ou par des avantages en nature tels que logement, vivres, enseignement, assistance légale, ou même rapatriement, n'aboutit qu'à une redistribution des richesses, accompagnée d'un nouveau détournement au profit des bureaucraties (et des lobbies) créées dans le but de gérer, ou de prétendre gérer, les flux migratoires.

Les moyens financiers et humains requis pour le traitement de l'immigration ne peuvent provenir que de ressources consacrées par l'état à d'autres fonctions, ou d'une augmentation de la prédation fiscale sur les "archéo-citoyens". Les politiques regrettent même parfois que ces transferts ne se fassent pas toujours aussi rapidement que l'exigent les flux de plus en plus importants. Il est ainsi regretté que

"des responsables se trouvent dans l'incapacité d'imposer des mutations temporaires vers les services d'accueil des candidats réfugiés, [...] ou lorsqu'un haut fonctionnaire ne peut imposer l'affectation des meilleurs professeurs dans les écoles des quartiers défavorisés". [9]

Affecter les ressources les plus importantes aux membres les moins performants est le plus sûr moyen de réduire le bien-être général. Abordons donc le premier problème, celui de l'éducation.

a) l'enseignement

Les conséquences de la proposition des politiques cités (pourtant auto-déclarés "libéraux"), à savoir "l'affectation des meilleurs professeurs dans les écoles des quartiers défavorisés" n'est rien moins que d'affecter les plus mauvais professeurs à l'éducation des meilleurs élèves. Le nivellement se fait donc vers le bas. Les dégradations des infrastructures, les pressions exercées par certains parents pour tenter de continuer à assurer une éducation décente à leurs enfants dans les établissements les moins dégradés, sont suffisamment repris par les médias pour ne pas être détaillés une nouvelle fois.

b) le coût de gestion de conflits étrangers au pays de pénétration

Pour les pays de pénétration, l'un des coûts grandissants consiste en l'importation, avec les migrants, des conflits de leurs pays d'origine. En acceptant des individus en provenance d'une grande variété d'états en déliquescence économique et sociale, dans lesquels les droits de l'homme sont ignorés ou méprisés, les états démocratiques sont ainsi entraînés de force dans les conflits de ces immigrants, ni tout à fait citoyens, ni tout à fait étrangers. Ces conflits éclatent parfois entre différentes communautés, qui transplantent leurs haines réciproques dans le pays de pénétration. Dans des cas extrêmes, les pays de pénétration sont ainsi forcés de supporter les coûts de la défense de leurs nouveaux citoyens contre leurs anciens états. Les motifs de cette prise en charge peuvent parfois être bizarres, mais les conséquences n'en sont pas moins bien réelles, et fort onéreuses pour les pays de pénétration, réduisant ainsi les ressources de tous leurs citoyens.

c) la santé

La création d'une "couverture maladie universelle" (CMU) en France est évidemment un cas extrême d'irresponsabilité politique et d'incompétence économique.

En Belgique, il suffit d'observer pendant quelques jours les patients des salles d'urgence des hôpitaux publics pour se rendre compte des pressions considérables exercées par l'immigration (et aussi, il est vrai, par les bénéficiaires d'allocations sociales, les toxicomanes, les alcooliques, les personnes souffrant de troubles mentaux,...) pour se rendre compte que le système est au bord de la rupture. L'ensemble des hôpitaux de la seule région de Bruxelles (soi-disant "capitale" de l'Europe, et donc ambitionnant d'être sa vitrine) ont un déficit annuel de 200 millions d'euros, et l'un d'entre eux a, pour la première fois, déposé son bilan [10]. Le choix n'est donc pas, comme certains l'espèrent et le prétendent, entre une médecine à deux vitesses et des soins identiques pour tous, immigrants compris, mais entre une médecine tarifée à l'utilisateur en fonction des coûts ou plus de médecine du tout...

d) la culture

L'avantage de prôner la "mixité" et la "multi-culturalité" est qu'il n'est pas nécessaire de justifier le bien-fondé d'un slogan. Mais la culture est partie d'une identité. La plupart des migrants d'aujourd'hui, contrairement aux migrants d'hier, refusent d'adopter la culture de leur pays d'élection. On entendra aussi des migrants en France dire qu'ils "retournent dans leur pays" lorsqu'ils se rendent en vacances au Maghreb. Les jeunes afro-français qui sifflent la Marseillaise montrent qu'il s'agit là, pour eux, d'un hymne étranger. Il est vrai qu'un texte qui traite les étrangers de "sang impur", "perfides", "traîtres" "esclaves" "despotes" mercenaires" "tyrans" "sanguinaires" n'est pas un modèle de tolérance. Certains pourraient aussi prendre pour une invite un texte qui accuse de "féroces soldats" de venir "jusque dans nos bras égorger nos fils, nos compagnes". Même si une version en arabe est un jour produite pour promouvoir la "multi-culturalité", il serait peut-être préférable d'éliminer ces appels au meurtre, même si le "sang impur" de la chanson n'était "que" celui des autrichiens de l'époque.

e) la solidarité

La cohésion d'une société est d'autant plus grande que ces membres partagent une identité, une histoire communes. Celles-ci sont, à leur tour, à la base d'une plus grande confiance entre les membres d'une communauté, permettant également une plus grande complexité [11]. Le plus grand risque d'une migration incontrôlée, lorsque celle-ci implique un rapport de forces tel que décrit plus haut, est de voir cette solidarité voler en éclat, et un repli identitaire provoquer la décomposition de la société.

Un argument fréquemment avancé par les défenseurs d'une immigration plus importante est le vieillissement de la population, et les problèmes de financement des retraites par répartition. Je n'évoquerai pas ici l'absurdité d'un raisonnement qui tente de corriger une aberration (le système de retraite par répartition) par une autre aberration (l'immigration de personnes non-employables ou à la productivité très faible, en raison d'une éducation et d'une formation inadéquate).

Un rapport de l'OCDE avait confronté cette position avec la réalité des chiffres. Sa conclusion était alors sans appel et sans équivoque:

"[L]'immigration ne peut, à elle seule, résoudre le problème du vieillissement démographique. On peut même dire que les simulations apportent la preuve, a contrario, de l'impossibilité d'une solution migratoire à la question du vieillissement démographique et que l'analyse des processus migratoires renforce ce jugement." |12]

Plutôt que de chercher dans l'apport d'allochtones une solution qu'elle qualifiait d"'illusoire" l'OCDE suggérait au contraire de tenter d'améliorer tous les autres paramètres institutionnels, démographiques et économiques. Mais il est vrai que ceci exigerait un minimum de courage politique, qui a toujours fait défaut dans ce débat comme dans tous les autres.

Faute de ce courage, lorsqu'un système voué à la faillite (la retraite par répartition) volera en éclats, entraînant avec lui la disparition de la prétendue solidarité intergénérationnelle (un fardeau imposé à ceux qui ne sont pas encore nés) il ne restera que la loi de la jungle et les victimes d'une gigantesque escroquerie.

e) la productivité

Les migrations ont ralenti les investissements dans l'appareil productif européen. Les syndicats européens (et particulièrement les syndicats français) martèlent que la part des salaires n'a cessé de se résorber dans la valeur de la production, et que la part du capital n'a cessé d'augmenter. Si la constatation est exacte, il n'en est pas moins vrai que l'automatisation croissante a exigé des investissements considérables, et qu'un ouvrier aujourd'hui utilise un équipement productif (donc un capital investi) bien plus important qu'autrefois. On construisait des Dion-Bouton au 19e siècle avec les outils rudimentaires des chaudronniers et des selliers, alors que les usines automobiles modernes ont investi des sommes considérables pour chaque poste de travail.

Lorsqu'elles sont confrontées à une pénurie de main d'oeuvre, les entreprises ont essentiellement deux options: augmenter leurs investissements en équipements, ou favoriser l' "importation" de nouveaux salariés. La première solution est coûteuse et les investisseurs exigent bien évidemment une rentabilité au moins équivalente à celle des alternatives. La seconde solution est aisée et permet d'accroître la production sans investissements nouveaux et sans augmentation de salaires. Mais Hayek a démontré que les effets de la première sont d'augmenter les revenus de manière permanente. Ce n'est pas le cas de la seconde option.

Pour illustrer le propos, prenons le cas d'une entreprise publique de transports en commun. Confrontée à la difficulté de recruter des conducteurs de train, de bus, de tramways, elle peut soit réaliser des investissements considérables pour automatiser la conduite (et donc relever de façon permanente le revenu moyen d'un personnel qui comprendra désormais plus d'ingénieurs que de conducteurs) ou solliciter l'état pour qu'il autorise l'immigration de conducteurs étrangers (et maintenir ainsi une productivité et des salaires bas).

Dans la plupart des cas, c'est bien évidemment la seconde solution qui sera choisie, dans l'intérêt de l'entreprise et au détriment de l'intérêt et du niveau de vie général. Ce sera aussi celle pour laquelle se battront les machinistes et conducteurs, qui pourraient difficilement devenir ingénieurs. La somme des intérêts de deux groupes de pression qui contrôlent la décision détruit donc les possibilités d'amélioration de la productivité et empêche une hausse permanente du revenu global.


6. Limiter la liberté de migrer chez les auteurs libéraux

Pour étayer l'argumentation, et réconcilier le discours avec la réalité de ce que j'ai pu vivre comme "migrant" moi-même, je me suis intéressé aux vues des auteurs libéraux sur ce sujet, à commencer bien tendu par Hayek lui-même.

Dans l'extrait ci-après, Hayek admet que, tant que certains pays maintiendront des niveaux de protection sociale plus élevés que la norme "mondiale", il sera nécessaire, pour ces pays, de restreindre l'accès à ces systèmes de l'extérieur.

"II est évident que, pour longtemps encore, il sera totalement impossible d'assurer un niveau minimum uniforme de ressources à tout homme en tout lieu; et en tout cas, que les pays les plus riches ne se contenteront pas d'assurer à leur citoyens un niveau non supérieur à ce qui pourrait être garanti par tous. Or réserver aux citoyens d'un certain pays les dispositions leur assurant un niveau plus élevé qu'au reste du monde, c'est en faire un privilège et implique certaines limitations au libre mouvement des hommes à travers les frontières. [....] Nous devons constater le fait: nous rencontrons ici une limite à l'application universelle des principes politiques libéraux, que les réalités du monde rendent inévitable. [....] [L]es principes libéraux ne peuvent être constamment observés qu'à l'égard de gens qui eux-mêmes obéissent à ces principes, mais ne peuvent pas toujours être appliqués à ceux qui ne les observent pas. [13]

En d'autres mots: la protection sociale (et autres avantages "achetés" avec une taxation élevée) est un privilège qui attire des migrants. Supprimons les privilèges ou limitons l'immigration.

L. v. Mises suggère de s'attaquer aux causes des migrations, et non à leurs effets, comme suggéré plus haut. Faute de cela, les déséquilibres persisteront et s'aggraveront, et pourraient aller, en raison des évolutions démographiques respectives, jusqu'à la destruction des deux sociétés, à savoir celle des pays d'origine comme celle des pays de pénétration. [14]

Plus à droite dans l'éventail des auteurs, la position libertarienne est bien résumée par George Reisman, qui affirme que:

"tant qu'un pays a un système d'assistance sociale, des hôpitaux et des écoles payés par l'impôt, des logements sociaux, et ainsi de suite, et que les immigrants viennent pour bénéficier de ces offrandes, le résultat est une perte équivalente pour les habitants actuels du pays, qui ont à en payer les coûts. La proposition ci-dessus (des frontières ouvertes) est applicable dans un pays à condition que ce soit sans ces cadeaux et d'autres programmes d'assistance semblables de sécurité sociale - un pays dans lequel les immigrants doivent subvenir à leurs propres besoins et paient eux-mêmes pour tout ce qu'ils reçoivent" [15]

De même Hans-Herman Hoppe défend une position similaire et, selon lui, les questions de l'immigration et des allocations sociales doivent être considérées et traitées séparément. [16] Il semble évident que l'ordre dans lequel ces questions seront traitées n'est pas sans importance. Faute de démanteler les réseaux de protection sociale avant de libéraliser l'immigration, ce sera cette dernière, attirée par les avantages octroyés, qui se chargera de détruire la sécurité sociale en faisant exploser ses dépenses sans augmenter ses ressources.

Mais il me semble indispensable de veiller à ce que le démantèlement des systèmes de protection et de la solidarité nationale ne crée pas une injustice à l'égard de la catégorie la plus fragilisée des autochtones (faibles revenus, handicapés, retraités, chômeurs) qui ont d'une part probablement alimenté les réserves des fonds sociaux pendant leur vie active mais qui se trouveraient privés de la couverture en fin de vie, simplement parce que, à leurs besoins légitimes, s'ajoutent maintenant les exigences de populations récemment implantées.

Il suffit de visiter les logements sociaux, les écoles, les hôpitaux, les centres d'aide publique, dans les quartiers dits "sensibles" pour se rendre compte que les seules personnes autochtones qui vivent encore dans ces quartiers sont aussi celles qui n'ont plus les moyens d'en sortir. Pour ces populations prises au piège, la migration n'est donc plus qu'un rêve irréalisable.

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Notes et Références

[1] FA Hayek, "La Route de la Servitude", Quadrige/Presses universitaires de France, 2e ed. Paris 1993.

[2] FA Hayek, "The Constitution of Liberty, Routledge, London, ed. 2005, page 497, note 64.

[3] Vincent Benard, "Pour une immigration libre - dans une société de libertés ", Hayek Institute, 27 décembre 2005

[4] Il est aisé d'imaginer quelle serait la situation en France si le nombre d'habitants sur le même territoire était aujourd'hui de 168 millions (4 fois la population de 1950), pour doubler encore d'ici 2050, et atteindre... 336 millions!

[5] Il y a quelques années, j'ai emprunté - à pied, dans les deux sens - le pont qui sépare El Paso (Texas) de Ciudad Juarez (Mexique). La première ville est l'une de celles qui, aux Etats-Unis, connaissent le développement économique le plus rapide. La seconde est celle qui connaît au Mexique le taux de criminalité le plus élevé. Le voyageur est bien forcé de s'interroger sur les causes de ce contraste, et de ne pas s'attarder à Ciudad Juarez...

[6] F.A Hayek "The Pure Theory of Capital", University of Chicago Press, Chicago, 2e ed. 1975, page 54 (la traduction est personnelle).

[7] Le type de population n'est bien évidemment pas étranger à ces chiffres: il ne devrait faire aucun doute que si, par un coup de baguette magique, la Belgique et le Congo avaient échangé leurs populations en 1960, ce serait aujourd'hui le Congo qui aurait un revenu annuel par habitant de 40.000 $, et la Belgique devrait se contenter de 140 $...

[8] Selon les chiffres de l'OMS, il y avait en RD du Congo, en 2004, 11 médecins pour 100.000 habitants. Pour la même population, il y avait 337 médecins en France et 449 en Belgique. Si le rêve des 11 médecins congolais (qui manquent de tout, il est vrai) est d'émigrer en Europe, peut-on encore parler d'un bénéfice pour le pays d'origine? (Les chiffres sont repris du "Human Development Report 2007-2008" du Programme de Développement des Nations Unies.

[9] Alain Destexhe, Alain Eraly, Eric Gillet, "Démocratie ou particratie", Editions Labor, Liège, 2003, page 55

[10] Ironiquement, celui-ci est l"'Hôpital Français", offert par la France après la guerre de 1914-1918, en remerciement des soins apportés aux blessés français par le personnel belge. Le montage financier de la reprise pêche par son optimisme quant aux perspectives de redressement.

[11] Sur ce sujet, l'ouvrage de Francis Fukuyama, "Trust" (Penguin Books, 1995) est plein d'enseignements sur les relations entre le degré de confiance existant parmi les membres d'un groupe et le niveau de prospérité de ce groupe.

[12] Organisation de Coopération et de Développement Economiques, "Tendances des migrations internationales", Paris 2001, page 40

[13] FA Hayek, "Droit, Législation et Liberté", PUF/Quadrige, Paris, 2007, page 711-712

[14] "Not only the colored races, but also the Slavs, the Arabs, and some other peoples look upon the average income of the citizens of the capitalistic countries - about 12 or 15 per cent of the total of mankind - as a curtailment of their own material well-being. They fail to realize that the prosperity of these allegedly privileged groups is, apart from the effects of migration barriers, not paid for by their own poverty, and that the main obstacle to the improvement of their own conditions is their abhorrence of capitalism."
L. v. Mises, "The Welfare Principle versus the Market Principle, Chapitre XXXV de "Human Action", disponible sur The Library of Economics and Liberty (www.econlib.org)

[15] "To the extent that a country has a welfare system, tax-supported hospitals and schools, public housing, and so on, and the immigrants come to take advantage of these offerings, the effect is a corresponding loss to the present inhabitants of the country, who have to pay the costs. The above proposition (open borders) applies to a country insofar as it is without these and other welfare-state-type programs - a country in which the immigrants must be self-supporting and themselves pay for whatever they receive."
George Reisman, Capitalism (Ottawa, III.: Jameson Books, 1996), p. 362. cité par le "Journal of Libertarian Studies" 13:2 (Summer 1998): 153-165 , dans un article titré "A Libertarian Argument against Open Borders", par John Hospers (University of California, Los Angeles) Center for Libertarian Studies) (la traduction est personnelle)

[16] It would also be wrongheaded to attack the case for free immigration by pointing out that because of the existence of a welfare state, immigration has become, to a significant extent, the immigration of welfare bums, who, even if the United States is below the optimal population point, do not increase but rather decrease average living standards. For this is not an argument against immigration but rather against the welfare state. To be sure, the welfare state should be destroyed, root and branch. However, the problems of immigration and welfare are analytically distinct, and they must be treated accordingly.
Hans-Hermann Hoppe, "Free Immigration or Forced Integration," Chronicles 19, no. 7 (July 1995): 25. cité dans "A Libertarian Case for Free Immigration, par Walter Block du Mises Institute "Journal of Libertarian Studies" 13:2 (Summer 1998): 167-186

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