Verhofstadt a
fait un remarquable voyage intellectuel, à l'inverse de beaucoup: qualifié de
"Baby Thatcher" dans sa jeunesse, il est devenu marxiste dans son
troisième âge.
Quand à
Cohn-Bendit, ses ambitions de Che Guevara de salon de thé font aujourd'hui
oublier la violence qu'il attisait en mai 1968.
Refusant
superbement d'admettre que le genre d'Europe qu'ils nous ont imposée avec leurs
compères du "parlement-navette" est la cause de tous nos maux, ces
deux vénérables marxistes nous proposent non pas une autre Europe, mais veulent
nous forcer à avaler plus encore de leur brouet bureaucratique.
Les remèdes de
ces "docteurs" sortis d'une farce de Molière ne guériront
certainement pas le patient. Que du contraire, leurs potions nous achèveront.
Leurs ordonnances ressemblent plus à de l'euthanasie qu'à une guérison
miraculeuse: voici leur prescription:
En premier lieu,
le "Pacte de croissance", prévoyant un
investissement équivalent à 1% du PIB européen, soit 120 milliards d'euros, est
une destruction de richesses pure et simple. De quel droit la bureaucratie
déciderait-elle des secteurs à soutenir? Les administrations n'ont-elles pas
systématiquement démontré leur incapacité à choisir autre chose que des
perdants, ou des inféodés, ou des sources de corruption?
Leur deuxième
potion, l' "Union bancaire" n'est en fait que la "mise en place
d'une supervision des banques de la zone euro par la Banque centrale européenne
(BCE)". Elle est à la mesure des appétits des bureaucrates: pourquoi
faudrait-il imposer la même supervision à une banque purement locale, sans
prétentions continentales, et à une banque établie dans des dizaines de pays?
La mise en place de cette nouvelle institution devrait se faire selon "un
calendrier ambitieux". Cette ambition est d'autant plus risible lorsqu'on
la mesure à ce qui a été fait (c'est-à-dire rien) depuis les premières recommandations
dans le même sens faites par Alexandre Lamfalussy, qui datent de plus de ...
sept ans, et qui ont fait l'objet d'une décision du Parlement Européen le ... 9
mars 2005!
La troisième mesure propose la recapitalisation des banques
espagnoles par un prêt du "fonds de soutien" européen. Outre que le
traitement de faveur accordé à l'Espagne est difficilement justifiable, une
recapitalisation n'a aucun sens. Les banques espagnoles doivent au contraire
nettoyer leurs portefeuilles, et purger ceux-ci de leurs actifs
non-performants. S'emparer des ressources d'autres européens pour encourager
les banques espagnoles à conserver quelque temps encore des créances qui ne
seront jamais remboursées, aux frais des autres européens est injustifiable.
Seules les banques assainies doivent être recapitalisées.
La quatrième mesure abandonne le principe de
"séniorité" des créances du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui
reprendra et complètera les engagements pris par le Fonds de stabilité (FESF),
espérant ainsi "un retour des investissements directs dans les Etats
espagnol et italien". Le sauvetage public, utilisant des fonds prélevés
par la contrainte auprès des contribuables des pays du nord, n'aura donc plus
aucune priorité, par rapport aux "fonds-vautours" qui spéculent sur
les dettes pourries.
La cinquième
mesure prévoit l'installation à Paris du siège d'un futur office des brevets. Il existe déjà un "Office Européen des Brevets", créé
il y a 40 ans pour réduire l'écart entre le coût d'un brevet aux Etats-Unis et
celui d'un brevet européen. Il y a 40 ans, le brevet européen coûtait 3 fois
plus que le brevet américain. Aujourd'hui, l'écart n'est plus de 1 à 3, mais de
1 à ...7! Il devrait s'agir en fait d'un "tribunal d'instance". Mais
si les bureaucraties européennes veulent réellement libérer le potentiel des
entreprises, ce sont les offices nationaux, et les frais de traduction
exorbitants de traduction (bientôt s'étendant au gaélique, au basque, au breton
et au provençal) qu'il faut immédiatement abolir.
Enfin, la "taxe
sur les transactions financières", cheval de bataille des bureaucraties aux
abois, est la plus vicieuse entrave au développement des entreprises qui ait
jamais été inventée, au point que son promoteur, James Tobin, ait insisté sur
le caractère irréaliste et inefficace de sa propre invention. Si la spéculation
cessera bien (éliminant la source principale de la taxation), ce sont les
transactions dans l'économie réelle qui auront seules à supporter cette taxe.
Il n'est pas difficile d'imaginer que le produit de cette taxe n'aura d'autre
destination que l'alimentation de bureaucraties de plus en plus voraces. Ce ne
sera jamais, en tout cas, destiné au développement des pays les moins
industrialisés, ainsi que James Tobin l'avait réalisé.
http://www.huffingtonpost.fr/daniel-cohnbendit/lunion-federale-europeenne-est-la-seule-reponse-a-la-crise_b_1653866.html?utm_hp_ref=france
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