Benjamin Franklin
écrivait que "dans ce monde, rien ne peut être considéré comme certain, à
l'exception de la mort et des taxes". Des Etats ont été plus loin: ils ont
imaginé qu'un citoyen mort était encore plus facile à dépouiller qu'un citoyen
en vie. Ils ont donc appliqué au moment du décès de chacun ce que
l'administration appelle du doux nom de "droits de succession" et qui
n'est en réalité qu'une taxe de mort, une "death tax", pour utiliser
une expression américaine certes moins poétique mais beaucoup plus conforme à
la réalité: un vol par l'administration, et pour son seul profit.
Rien n'est plus
facile, puisque celui qui fixe les règles est aussi le bénéficiaire direct de
ces règles. C'est ainsi que la mafia wallonne avait profité d'une
"régionalisation" de la taxe de mort pour s'octroyer, dans certains
cas, 90% des biens d'un défunt. Sous un fumeux prétexte hérité du complexe de
"Robin des Bois" (voler les riches n'est pas vraiment voler), ce taux
confiscatoire s'appliquait aux "gros" héritages, c'est-à-dire dès
.... 175.000 euros, soit à peine la valeur d'un appartement. Ce taux
s'appliquait lorsque l'héritier n'avait pas de lien "direct" avec le
défunt, une discrimination de plus dans l'appareil spoliateur de l'association
de malfaiteurs qu'est devenue l'Union des Régions Socialistes de Wallonie
(l'U.R.S.W.) C'est donc cette organisation criminelle qui fixait les taux, et
qui était ainsi seule à "succéder" au défunt.
Dans une optique
libérale, cette taxe sur la mort pose une question pratique et trois questions
morales.
La question
pratique porte sur la capacité - ou plutôt l'incapacité - de toute
administration publique (composée par définition de fonctionnaires inamovibles,
donc irresponsables) de gérer les biens du défunt plus efficacement que les
héritiers désignés par lui. Les biens ainsi dérobés par les fonctionnaires sont
immédiatement affectés à l'entretien de l'appareil d'Etat, donc d'eux-mêmes.
Lors de l'une des
nombreuses "régionalisations" en Belgique, on a vu le "ministre"
du budget wallon de l'époque, l'œnophile Michel Daerden, pérorer à la
télévision en se gaussant du pactole qu'il confisquait au profit de ses
complices, lors de l'une des successions les plus importantes de l'époque,
portant sur la propriété d'une entreprise estimée à cent millions d'euros. Le
défunt avait eu la mauvaise idée de ne pas produire d'héritiers
"directs"... Daerden se léchait littéralement les babines à l'idée
d'empocher, sans aucun effort, 90 millions d'euros qui iraient enfler la
gabegie wallonne.
Bien entendu, la
société en question a aujourd'hui disparu. L'U.R.S.W. est encore moins capable
de gérer une société que d'administrer ... un Etat!
Ce taux de 90%
ressemblant plus à une spoliation pure et simple qu'à une taxation, l'héritier,
s'estimant grugé, et n'ayant plus grand chose à perdre, entama un marathon
judiciaire. Au bout de longues arguties (l'Etat spoliateur étant lui-même juge
et partie!), le "Conseil d'État" (aujourd'hui retoqué "Conseil
Constitutionnel") déclarait, dans une décision clôturant la dispute en
2005, que le taux de 90% volé par la Région wallonne était effectivement
"disproportionné". Par contre, ce même Conseil d'État jugeait que 80%
était "proportionné", mais sans prendre la peine de justifier sa
décision. Le Conseil n'est d'ailleurs pas à court d'euphémismes, parlant de
"confiscation", au lieu de "spoliation", pour ce qui est le
taux le plus élevé d'Europe.
Un cambrioleur
qui s'emparerait de 80% de vos biens est donc légitimé. Par contre, s'il a
l'audace de vous voler 90%, son crime devient "disproportionné".
C'est donc la première question morale qui se pose: une administration
peut-elle déclarer elle-même "légitime" une "proportion" de
son propre vol?
La deuxième
question morale porte sur le droit qu'aurait un État de discriminer entre les
catégories d'héritiers. C'est ainsi que le vol de 80% lors d'une transmission
entre cousins serait "proportionné", tandis que les héritiers
"directs" ne pourraient être spoliés "que" de 40%. Notons
au passage que, même à ce taux, les ayant-droits seraient contraints de
renoncer à un bien immobilier pour payer la "taxe de mort" exigée par
l'U.R.S.W. Le but est donc de confisquer progressivement les actifs des
citoyens, pour les rendre ensuite dépendants de la "générosité" et de
la "sollicitude" des fonctionnaires qui ont phagocyté cette fiction
qu'est l' "État".
Enfin, il est
permis de se poser la question de savoir de quel droit un État désigne certains
héritiers comme "directs" ou "réservataires", interdisant
ainsi à quiconque de décider librement de la répartition de ses avoirs après
son décès. La plupart des États anglo-saxons ont réussi à réprimer leur désir
de supprimer cette liberté fondamentale - la dernière dont dispose un citoyen -
et qui est partie intégrante du droit de propriété. Aux Etats-Unis par exemple,
chacun reste très logiquement libre de décider de la transmission de ses biens
après son décès. Les États victimes de la dictature napoléonienne ne voient par
contre dans la mort d'un citoyen que le moyen de s'approprier ce qui n'a pas
déjà été taxé de son vivant, à la manière de ces détrousseurs de cadavres qui
volaient les bottes des soldats morts sur les champs d'extermination de ce même
"empereur" des français.
Une authentique
réforme libérale devrait éradiquer ces pratiques sordides, assimilables à
celles des pilleurs de tombeaux. Et cette réforme serait fondée sur deux
principes, et deux seulement. Le premier serait de rendre à chacun la liberté
absolue de disposer de ses biens comme il l'entend. L'État n'aurait qu'un rôle
subsidiaire: si le défunt n'a pas exprimé sa volonté, la loi peut définir, par
défaut, une "hiérarchie" dans les héritiers. Le second principe
serait la suppression pure et simple de la "taxe de mort", quelle que
soit la valeur des biens du défunt, et quelle que soit la relation entre le
défunt et ses héritiers.
En guise de
conclusion, il faut bien admettre qu'un vol déclaré "légal" par le
voleur lui-même reste un vol. Le silence de l'Europe sur la prédation des
États, dans ce domaine comme dans d'autres, fait de cette Europe la complice
des criminels. Il est vrai que la partie "socialiste" de l'Europe
rêve du modèle soviétique, où la propriété, et donc la transmission de
celle-ci, était interdite, avec les conséquences que l'on a connues. La
discussion au sein de l'Europe ne serait d'ailleurs pas entre
"prédateurs" et "non-prédateurs", mais entre différents
niveaux de prédation.